Le film de la semaine : Clément, Alex et tous les autres

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Distribué par Outplay, Clément, Alex et tous les autres suit les péripéties d’une colocation parisienne particulière entre trois personnes. Empreint de véritables récits de vie, le film nous plonge dans une importante synergie autour de deux personnages, Clément et Alex. Signé Cheng Chui Kuo, le film est disponible en DVD depuis le 6 décembre dernier.

Une histoire de cinéma. Dès les premières secondes du film, le réalisateur dresse le portrait d’un narrateur de films amateurs, Clément. Il raconte la vie d’une personne âgée, Jeanne, qui fait la rencontre d’un jeune sans-abri. Le format est carré et en noir et blanc. Hors de la caméra, le jeune homme semble triste, une cigarette à la main. De cette première scène, l’intrigue pose son propre déroulé, tel un puzzle à reconstruire ou une énigme à résoudre … jusqu’à la réponse finale.

D’une séquence à l’autre, le noir et blanc laisse place à la couleur, un tout autre sujet prend place : une série d’échanges typiques d’un entretien embauche. Et, l’arrivée du nouveau venu dans l’appartement, Léo, vient apporter une autre dynamique dans le quotidien des deux résidents, Clément et Alex. Après quelques paroles timides, la familiarité s’installe entre les personnages présents, Clément, Alex, Maeva, Anne et Léo. Et, de fil en aiguille, l’étiquette du domicile s’impose : « Un appart de gay ». C’est là toute son identité.

Brèves de comptoir

Au rythme de va et vient dans l’appartement, le réalisateur met le public face à un complet « spectacle de fauteuil », digne du dramaturge français, Alfred de Musset. A coups d’échanges de banalités, les personnages parlent sans détour et se querellent sur des futilités, tels des frères et sœurs ou bien de bons amis : les problèmes féminins, les intrusions, l’apprentissage, la vie sexuelle, la crise de la trentaine ou encore le rapport à la communauté. Le film interroge rapidement le rapport à la normalité. Loin des conventions traditionnelles, un véritable détournement des concepts imprègne le quotidien dans l’appartement. L’homosexualité supplante alors l’hétérosexualité, les rôles sont brillamment inversés. C’est la toute la magie du film.

Au fil des conversations, l’atmosphère mêle divinement des situations tout droit sorties des œuvres de théâtre absurdes à la manière des auteurs Eugène Ionesco et Samuel Beckett. Mieux encore, nous nous croirions assister à une version filmique de la série-feuilleton M6, Scènes de Ménages. La présence de l’acteur, David Mora (David), vient apporter un divin clin d’oeil et jouer un rôle central dans l’avancée du film : les circonstances d’une vie nouvelle, faits de changements soudains et de bouleversements émotionnels, sur le plan amical mais aussi amoureux, trouvent alors une parfaite explication.

Un film pas si gay

Pourtant empreinte de la thématique LGBT+, la romance gay est sensiblement rabattue au second plan du film. La relation entre les trois colocataires prend alors le pas sur tout le reste. Par des flashbacks emboîtés aux situations présentes, la notion d’amour se perd davantage dans un passé fait de solitude, de traumatismes et de nostalgie. Ce ne sont qu’allusions et sentiments ambigus qui persistent, rythmées par l’attente d’un amour qui ne vient pas, les indécisions, les désirs enfouis et les conversations voilées. Finalement, le peu d’amour présent appartient au passé, celui de clément, avec Jeremy, puis avec David. Deception !

Plus d’infos :

Plongez dans l’incroyable histoire du film Clément, Alex et tous les autres de Cheng Chui Kuo, disponible en DVD depuis le 6 décembre dernier. https://motsbouche.com/dvd/28626-clement-alex-et-tous-les-autres.html

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