
Il était l’un des militants les plus actifs dans le combat contre le VIH/SIDA … Auteur, activiste gay et co-fondateur de Act-Up, Larry Kramer est mort à New-York à 84 ans, mercredi 27 mai.
“Repose en puissance”. Larry Kramer est décédé à 84 ans dans son domicile New-Yorkais des suites d’une pneumonie, mercredi 27 mai. Atteint du VIH, statut qu’il a révélé publiquement en 2002, Larry Kramer s’est toujours pour les personnes séropositives. “Repose en puissance », a tweeté Act Up. » Ta rage a aidé à inspirer notre mouvement. Nous continuerons à honorer ton nom et ton esprit par l’action”. Ses actions avaient jusqu’à maintenant permis de sauver des milliers de personnes atteintes du VIH/SIDA.
En mars dernier, l’activiste travaillait sur une pièce de théâtre en lien avec la pandémie du COVID-19. “C’est à propos de personnes gays qui ont dû vivre trois pestes”, avait-il récemment confié au New-York Times, précisant par là le COVID-19, le SIDA et le déclin du corps humain. Un projet artistique qui va, aujourd’hui, demeurer inachevé …

Une mobilisation de longue date
Le militantisme de Larry Kramer commence réellement lorsqu’il fonde l’association Gay Men’s Health. Pourtant, ce n’est que le début d’un parcours bien rempli. Quelques années, il co-fonde avec son conjoint David Webster la l’organisation à haute portée mondiale, Act-Up. Conséquence de l’inaction de Ronald Reagan face au SIDA, il enchaîne les actions coup de poing. « La poursuite de notre existence dépend de notre capacité à nous mettre en colère », écrivait-il en 1983 dans la revue gay « New York Native ». « Si nous ne nous battons pas pour nos vies, nous mourrons ». Sa pièce, The Normal Heart, obtient trois tony awards en 2011. Trois ans plus tard, Ryan Murphy l’adapte en film.
En personnalité polarisante, Larry Kramer n’a jamais hésité une seule seconde avant de s’attaquer aux responsables politiques et aux scientifiques. Durant les premières années de l’épidémie du VIH/SIDA, il avait même qualifié le médecin renommé Anthony Fauci (qui est aujourd’hui très actif dans la lutte contre le COVID-19, ndlr). A l’époque, Susan Sontag disait de lui qu’il était « l’un des perturbateurs les plus utiles des États-Unis », qui bousculait les consciences pour mieux alerter sur la gravité de la situation.

Une pluie d’hommages
De nombreuses personnalités du monde entier ont adressé des messages en mémoire de feu Larry Kramer : Julia Roberts, Rob Reiner, Mia Farrow, Chelsea Clinton, etc. Pour Julia Roberts, qui a joué dans la première adaptation télévisée de sa pièce The Normal Heart, “Il était féroce et infatigable dans ses convictions, un vrai héros auquel beaucoup de gens aujourd’hui doivent la vie”. « Lire The Normal Heart a changé ma vie », a tweeté de son côté la fille des époux Clinton.Larry Kramer « était sans peur », a souligné le maire de New York Bill de Blasio. « Il remuait les choses, dénonçait les puissants et, pour le plus grand malheur de certains, avait presque toujours raison ». “Que Dieu bénisse tous ceux dont la vie a été transformée par ta voix puissante et féroce”, a également tweeté l’actrice engagée Rosanna Arquette.
Outre ces messages émouvants, certains ont salué les actions de Larry Kramer pour la société américaine et la communauté LGBTQI+. « Des millions de gens sont vivants grâce à Larry Kramer, moi compris », a estimé sur Twitter Corey Johnson, chef du conseil municipal de New York et lui-même militant LGBT. « Il n’était pas la personne la plus facile, dieu merci pour cela. Il était un héros et est devenu mon ami », a-t-il ajouté. De son côté, l’historien LGBT Gerard Koskovich a confié à Komitid que « Dans les années les plus sombres de la crise du sida, l’écriture, l’activisme et la personnalité publique de Kramer ont cristallisé la colère que beaucoup d’entre nous ont ressentie à juste titre et nous ont aidés à canaliser notre colère en action directe. C’est peut-être sa contribution la plus précieuse. »

La communauté LGBTQI+ endeuillée
Les associations et les personnalités LGBTQI+ ont aussi exprimé leur tristesse face à ce départ précipité. Aux Etats-Unis, l’association Glaad a écrit : « La mort de Larry Kramer touche durement notre communauté. C’était un combattant qui ne reculait jamais pour ce qu’il considérait comme juste, et il a tellement contribué au combat contre le VIH/sida. Il va manquer à tellement de gens. » L’ex candidat à la primaire démocrate, Pete Buttigieg, a de son côté exprimé que : « Les progrès sont inimaginablement difficiles, dangereux, toujours à risque, toujours réalisés par des personnes n’ayant qu’une vision engagée.”. Enfin, les icônes Dan Savage, Elton John, Matt Bomer ou encore Benj Pasek ont exprimé leur profond regret.
Contre toute-attente, Act-Up Paris est resté silencieuse à l’annonce de la mort de Larry Kramer. Seuls quelques activistes de l’association ont réagi à cette funeste nouvelle, parmi Gwen Fauchois, François Berdougeau et Hugues Charbonneau. . « Il était mon modèle, mon inspiration, mon ami. Ma vie serait à moitié vide sans lui et sa colère. », a notamment exprimé Didier Lestrade, cofondateur d’Act-Up Paris.