
Signée Jeff Keller, 100 chefs d’œuvre de la littérature gay illustre le meilleur de la culture livresque, des débuts de l’écriture à aujourd’hui. De ces coups de cœur, l’objectif est clair : ne rien oublier.
Laisser une trace ! A peine la première page de 100 chefs d’œuvre de la littérature gay ouverte que nous tombons sur la préface d’Emmanuel Pierrat. En parfait juge d’un long travail personnel, l’avocat de profession livre son regard à l’œuvre établie pour mieux rendre son verdict. D’un paragraphe à l’autre, il énumère et critique à son tour les ouvrages qui vont en parcourir les pages : Les Chroniques de San Francisco, L’épopée de Gilgamesh, Tricks, etc. La franchise de son point de vue et une belle manière d’introduire la parole de l’auteur lui-même, Jeff Keller, sur une question éminente. “Existe-t-il une littérature gay en tant que telle ?”, nous confie l’avocat. D’une grande sagesse !
Recenser et subjectiver
L’intérêt de l’ouvrage de Jeff Keller réside dans la puissance de son histoire d’amour avec la littérature et les circonstances de son livre jusqu’à divine genèse. “A dix-neuf ans, j’errai perdu le long des rayons de la librairie Les Ombres blanches à Toulouse. Je cherchais un roman parlant de cette chose que je découvrais en moi, impérieuse, sans pour autant bien la comprendre.”, écrit Jeff Keller dans son préambule. C’est là toute la base de la construction de son œuvre critique en devenir.
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De cette divine entreprise, un résumé critique de chaque œuvre minutieusement tirée des impressions de lecture l’auteur y figure. De même, une biographie de l’auteur concerné et quelques lignes introductives à l’intrigue peuplent les pages. Dès lors, on y trouve de savants récits qui ont su traverser les époques. Par exemple : En finir avec Eddy Bellegueule, Appelle-moi par ton nom, Moins que zéro. L’auteur propose ainsi sa sélection personnelle de chefs d’œuvre comme une forme d’héritage à son prochain, à savoir le lecteur qui tient cet ouvrage. Magnifique !
Nos coups de coeur
Des jours sans fin
Dans une Amérique en pleine guerre de sécession, un jeune émigré irlandais, Thomas McNulty, vient démarrer une nouvelle vie. Sur sa route, il fait la rencontre de John Cole avec qui il va rapidement se lier d’amitié. Quelles aventures vont-ils bien pouvoir vivre ensemble ? Dans une fresque fidèle au climat de l’époque, Sébastian Barry aborde la nécessité de trouver des moments de bonheur, de tolérance et d’altruisme pour faire face à la violence. Sublime !
Moins que Zéro
Au coeur d’une université américaine, à Los Angeles, Brett Easton Ellis dépeint sans filtre les relations entre hommes et femmes, indépendamment de l’orientation sexuelle. Plaçant son personnage Clay au centre de l’intrigue, l’auteur imprègne son ouvrage des douces saveurs d’un cocktail exotique, fait de débauche, d’amour et de décadence. Explosif !
En finir avec Eddy Bellegueule !
Signé Edouard Louis, l’œuvre narre l’histoire d’un jeune homosexuel dans un village de Picardie. Dans une autobiographie engagée et engageante, elle retrace le combat d’un adolescent contre les codes de la sexualité, de la situation sociale et de la famille. Une mobilisation individuelle qui le pousse à fuir son environnement pour découvrir un tout autre monde, plus acceptable. Inspirant !
Garçons de cristal
« Notre royaume ne connaît que la nuit noire. Il ignore le jour. Mais dans ce minuscule pays des plus secrets, des plus illégitimes qui soient, se sont produites nombre d’histoires douloureuses, pleines de vicissitudes, à pleurer, à chanter…“ Des garçons homosexuels, oiseaux de nuit à Taipei, vivent dans la rue, seuls face à leur destin. Mains dans la main, ils font tout leur possible pour survivre, quitte à vendre leur corps. Vont-ils pouvoir sortir de leurs conditions. Dans un Taipei homosexuel, Garçons de cristal relate savamment le destin de quatre jeunes hommes, Aqing, Wu Ming, Petit-Jade et le souriceau. Pour rester vivants, ils suivent les conseils de l’intransigeant précepteur Yang, vieux mécène providentiel. Poignant !
La confusion des sentiments
A l’aube ses soixante ans, un professeur de philologie, R. de D., se voit offrir un livre hommage sur sa vie, fait d’œuvres, d’articles et de discours. Pourtant, il constate un élément manquant dans le parcours de son existence, ses années étudiantes. Dans des notes intimes, le professeur va alors se plonger dans ses souvenirs enfouis, dont certains ont une nature taboue… Avec La Confusion des sentiments, Stefan Zweig confronte les passions à la sexualité. Portée par sa relation toute particulière avec un professeur d’université, l’auteur va lever le voile sur une homosexualité interdite. Percutant !
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