Depuis lundi, le tribunal de Rouen juge une agression contre un jeune homme gay. Pendant l’audience, mardi soir, l’un des accusés a reconnu le caractère homophobe de l’acte physique.
Complet revirement ! Pendant l’audience au tribunal de Rouen, mardi 12 janvier, dans la soirée, l’un des deux accusés, Jordan Geslin, a reconnu le caractère homophobe d’une agression. La révélation intervient alors que la juge lui pose directement la question. « Avez-vous entendu des insultes homophobes ? », lui demande la présidente de la cour criminelle, propos qu’a relayés France Bleu. « C’est possible », dit-il du bout des lèvres. C’est un nouveau tournant dans l’affaire mettant en cause les deux accusés, Jordan Geslin et Mohamed Bendjedidi, respectivement âgés de 29 et 32 ans. Jusqu’ici, ils ont toujours nié le caractère homophobe de l’agression.
Un long calvaire
Le jugement intervient plus de deux ans après l’agression, en octobre 2018. A l’époque, les deux accusés prennent à parti un jeune homme gay, Romain (prénom modifié). Pendant plus de deux heures, ils enchaînent les insultes homophobes “sale pédé, tantouze, tafiole…”, à bord du véhicule où ils le séquestrent. “Je ne crois pas un instant qu’il ait pu tenir ces propos, mon frère n’est pas homophobe, Il n’a pas choisi cet homme parce qu’il était homosexuel. Je ne l’ai jamais entendu critiquer les homosexuels.”, a expliqué à la barre la sœur de Jordan Geslin, lundi 11 janvier. “Il côtoyait mes amis homosexuels et il n’y a jamais eu de problèmes. “, a ajouté l’ex-femme de Jordan, confortant les propos de la sœur.
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Le calvaire ne s’arrête pas là, un texto venant accélérer la virulence de l’agression : “On va se le faire, ce pédé”. Jordan, qui atteste pourtant ne pas y avoir pris part, et Mohamed le rouent de coups et lui extorquent 800 euros en cash. “Ça ne lui ressemble pas de faire cela. Il est resté parce qu’il avait peur de Mohamed, parce qu’il a été menacé. Jordan est un jeune homme réservé et influençable, il n’a pas du tout le profil.”, exprime l’actuelle femme de Jordan, paroles qu’a repris Presse Normandie. Alors qu’il ne croit plus à son échappatoire, il finit par se sortir de la situation. Quelque temps plus tard, il porte plainte au commissariat de Rouen. Une enquête est ouverte. Le tribunal prend rapidement en charge le dossier … jusqu’à aujourd’hui.
La décision judiciaire arrive
Suivant une première suspension d’audience, la magistrate a repris son interrogatoire avec Jordan Geslin, plus bavard que l’autre accusé. “C’est votre procès, c’est l’occasion d’être courageux », déclare-t-elle alors. “Mohamed Bendjedidi a bien proféré des insultes homophobes tout le long du trajet en voiture. C’est le même qui lui ordonne « de conduire et de ne pas jouer au con », répond-t-il alors, sur un ton énervé, selon le récit de France Bleu. A ce moment, la victime prend la parole pour réitérer ses plaintes. L’avocate des accusés a alors demandé un report de l’audience. L’affaire reprendra donc ce jour. Le verdict sera rendu dans la soirée, les accusés encourent jusqu’à 15 ans de prison.