Des rassemblements pour et contre la loi bioéthique ont eu lieu dans toute la France, ce week-end. La mobilisation intervient alors que le Sénat va débattre de la réforme, cette semaine.
Sans grandes tensions ! Dans plusieurs communes de France, des rassemblements ont opposé les partisans et les opposants au projet de loi bioéthique, ce week-end. A Saint-Brieuc, la pluie n’a pas arrêté les 120 manifestants pour et contre la réforme. Tels des “chiens de faïence », le collectif Marchons enfants ! et #Noustoutes22 ont confronté leurs opinions sans qu’il n’y ait d’incidents. Au départ de la Place de la République, à Lille, la mobilisation a été un peu plus virulente, certains contre-manifestants allant jusqu’à infiltrer le cortège de la Manif pour Tous.
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A Reims, Nîmes, Rennes, Perpignan ou encore Paris, les mobilisations ont été toutes aussi importantes, la majorité d’entre elles étant juxtaposée au rassemblement au contre la loi sécurité globale. Au total, 60 communes françaises ont exprimé leurs revendications sur la loi bioéthique, bataillant verbalement à tour de rôle. A l’échelle nationale, aucune prévision sur le nombre manifestants n’a pour le moment été établie. Mais, la mobilisation a dû attirer quelques milliers de personnes.
Une loi, des débats
Ces rassemblements interviennent alors que le Sénat va examiner, en seconde lecture, le projet de loi bioéthique, dès le 2 février. Depuis sa présentation en 2018, la loi bioéthique n’a cessé de faire des allers-retours entre l’Assemblée et le Sénat. En cause, les élu.e.s des deux chambres peinent à se mettre d’accord sur la légitimité de la réforme, en particulier autour de la PMA. Certains d’entre eux crient tout haut les arguments de LMPT ; marchandisation du corps, fissures dans le modèle familial traditionnel, etc. A l’extérieur, la situation ne vient pas arranger les choses. En cause, le mouvement des gilets jaunes, la grève SNCF ou encore la crise sanitaire ont impacté sur l’adoption du projet. Finalement, l’Assemblée Nationale finit par adopter le texte en seconde lecture, en juillet 2020.
De nombreuses craintes
Dans une tribune pour Libération, les associations-signataires ont exprimé leurs inquiétudes quant à un retour en arrière sur les droits acquis concernant la GPA. “L’article 4 bis du projet de loi bioéthique [menace] d’imposer le recours à l’adoption intraconjugale de l’enfant par le second parent. Il s’agit de tenter de dissuader les couples d’avoir recours à la GPA en punissant les enfants.”, ont-ils exprimé dans les lignes. “[En 2017], une solution satisfaisante a[vait] été trouvée par la Cour de cassation pour respecter les droits des enfants : permettre à ces enfants d’être inscrits sur le livret de famille de leurs parents, sans aucun passe-droit. “, ont-ils ajouté. Si adoptée, cette mesure serait un coup de massue pour les couples gays ayant recours à la GPA, à l’avenir.
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Sur le volet de la PMA, de nombreuses femmes ont manifesté leurs craintes de ne pouvoir effectuer les démarches dans les temps. Là où certaines d’entre elles doivent attendre l’adoption de la réforme en France, d’autres ont opté pour réaliser une PMA dans un souci de délai. “Nous avons d’abord attendu, pensant que ça serait plus simple si la procédure de PMA pouvait se faire en France.”, confie Laetitia, qui attend la possibilité d’avoir un enfant depuis 2015, avec son épouse Sandra, à l’AFP. Comme beaucoup de femmes, elles ont conscience de l’illégalité d’aller dans un autre pays pour avoir un enfant mais ne peuvent patienter plus longtemps. “Nos familles nous demandent pourquoi on ne veut pas attendre que la loi soit votée en France. Mais nous n’avons pas ce temps-là.”, exprime Johanne, 32 ans, pointant l’inquiétude quant à la baisse de fertilité après 35 ans.